Le 5 septembre 2022

Houlenniñ

Une histoire d’eau salée et d’odeur de néoprène

Mars 1984, j’ouvre les yeux et je remplis mes poumons pour la première fois. Cette bouffée d’air ne sera pas chargée d’embruns ni d’iode, et la côte la plus proche est à plus de 200 kilomètres de mon lieu de naissance.
La mer n’était pas vraiment la préoccupation des enfants là-bas. C’était plutôt le foot et la chasse. Je n’étais clairement pas destiné à me tourner vers la mer. Et pourtant, un grand-père, un coach et une petite base de loisirs proche de la Loire guideront une partie de mon avenir jusqu’à ce jour.

L’apprentissage de la voile

C’est sur ce petit lac que j’ai commencé à tirer mes premiers bords à l’âge de 7 ou 8 ans, je ne sais plus trop. Je sais juste que j’étais assez jeune. Dès la première leçon de voile, j’avais tout capté et cette lecture du vent et du plan d’eau me semblait naturelle et évidente. Une passion était née et un besoin de mer se fera sentir tout au long de mon enfance. Ce besoin de mer était comblé à chaque vacance scolaire, car mes grands-parents vivaient sur l’île de Noirmoutier. Mon grand-père, passionné de voile et de bateau, partagera avec moi des jours et des jours de navigation et de nombreuses heures à retaper un joli petit voilier en bois. Vers 12 ans, il m’offrit même mon premier bateau, un dériveur de 4,85 m avec lequel je passais l’essentiel de mes étés à naviguer autour de l’île.

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Voile, pêche à pied, plage… Mes vacances d’enfance étaient clairement tournées vers la mer pendant que je peaufinais ma technique de navigation le reste de l’année sur mon petit lac de Sologne.

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De l’optimist au catamaran, je me suis essayé à de nombreuses pratiques, en loisir comme en compétition. Je n’ai jamais eu l’âme d’un compétiteur, mais les compétitions me passionnaient. Mon entraineur de l’époque nous avait pris sous son aile, mon co-équipier et moi, et nous apprit énormément de choses sur la navigation. Comment avait atterri ce breton pur souche dans ce petit coin du centre de la France ? Je n’en sais rien, mais je sais qu’il a su me transmettre sa passion de la voile et de la mer.

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Quand je n’étais pas sur l’eau à apprendre et prendre du plaisir, je dévorais des ouvrages sur la voile, j’apprenais les techniques de matelotage, ma chambre était remplie de bouts (prononcez « boute ») et suivais les aventures de tous les grands skippers, Éric Tabarly étant mon idole de l’époque.
Je pourrais raconter des tonnes et des tonnes d’anecdotes de voile liées à mon enfance, les souvenirs remontent les uns après les autres en ouvrant mes albums photo, je vais juste essayer de garder le fil de ce que j’ai envie de raconter.

Une carrière maritime

Dans les pas d’Éric Tabarly, je m’engage dans la Marine Nationale à l’âge de 18 ans. Je quitte mes terres natales pour rejoindre l’océan pour de bon et faire un métier au plus proche de la mer. J’ai soif de navigation et c’est ainsi que j’embarque à bord de ma première affectation à la sortie de mes classes. À bord de ce bateau, j’apprends la vie d’équipage et je voyage énormément. Moi qui voulais passer un maximum de temps sur l’eau, on peut dire que j’étais servi.

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Grâce à la Marine, j’ai vécu mes premières tempêtes et d’horribles moments de mal de mer, mais aussi de chouette expériences comme de la présence sur des courses aux larges. Je me souviens encore de la Route du Rhum ou encore la transat Jacques Vabre. De Brest à Cherbourg en passant par Fort-de-France et Dakar, j’ai vécu de nombreuses aventures avec la Marine. J’y resterais en tout douze années avant de poser mes valises pour de bon en Bretagne et fonder une famille.

De la voile au surf

Si je passais beaucoup de temps en mer avec la Marine, je n’avais plus de temps ni de moyens techniques pour faire de la voile. C’est pourquoi j’ai commencé à m’intéresser au windsurf que l’on appelait encore funboard à l’époque, pour profiter d’un sport nautique individuel et facile à transporter. Mais au début des années 2000, le kitesurf commence à se démocratiser et après un cours de kite sur une des rares écoles de l’époque, ça sera le déclic ! Le kitesurf devient ma nouvelle drogue et j’en profite pour me mettre au bodyboard quand le vent est absent et que les vagues sont là.
Je vivais sur le bateau et le coffre de ma voiture était plein de jouets qui me permettaient d’aller à l’eau dès que j’avais 5 min. J’ai même commencé à voyager rien que pour le kite, au Cap-Vert et au Brésil notamment et j’ai pu tirer des bords, seul au monde, dans un lagon de Polynésie. Des souvenirs incroyables.

Houlenniñ
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Petit à petit, je délaisse le bodyboard pour passer au surf en complément du kite. J’avais envie de prendre mes vagues debout et cet amour pour les vagues se renforce de plus en plus.
Un jour de janvier 2006, je me crasherais en kite sur une falaise aux Antilles, ce qui me vaudra une bonne année de rééducation et l’arrêt forcé de tout ce qui me passionne dans la vie. Déterminé à ne rien lâcher, c’est ainsi que j’apprivoiserais mon premier appareil photo, un prétexte pour continuer d’aller à la plage et documenter les exploits des copains en surf et en kite. Ce que je ne n’avais pas prévu, c’était de faire une place pour une nouvelle passion, celle de la photographie.

Aujourd’hui

Lassé du kitesurf après 20 années de pratique, j’ai petit à petit arrêté la discipline pour me recentrer sur ce qui me fait le plus vibrer : les vagues et le surf.
Même ma pratique du surf est rattrapée par ma passion grandissante de faire des images dans l’eau, l’envie d’aller à l’eau et ce besoin de proximité avec la mer sont présents comme au premier jour. Étant papa à plein temps, j’ai clairement moins de temps qu’à mes 20 ans, c’est pourquoi je recentre de plus en plus ma pratique sur les prises de vues aqua et le bodysurf… Il n’y a pas plus minimaliste que le bodysurf et c’est ce qui me branche en ce moment. (Petite parenthèse culture avec cet épisode de Tracks dédié au bodysurf)

Au final, que ce soit de la voile, du kite, du surf ou du bodysurf, ce qui me plait le plus, c’est d’entrer en connexion avec la mer, d’y passer régulièrement du temps et d’y trouver du plaisir intense.
Après plus de 30 ans de diverses pratiques nautiques, j’aime me retrouver de nouveau en bas de l’échelle pour découvrir de nouvelles approches et techniques pour profiter encore de nombreuses années de l’océan. Aujourd’hui, j’ai la même excitation à chaque fois que je vais à l’eau que celle que je pouvais avoir quand je grimpais sur mon vélo pour rejoindre le lac et mon optimist.

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Pour les curieux, Houlenniñ veut dire « onduler » en Breton, cette onde formée par la houle et qui donne naissance aux vagues 🤙

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