Le 13 août 2024

Le mieux est l'ennemi du bien

Lors de la Transat Jacques-Vabre en 1997, Eric Tabarly a dit à Yves Parlier : « Le mieux est l’ennemi du bien », alors que ce dernier s’obstinait à perfectionner leur pilote automatique défaillant.
J’ai découvert cette anecdote en lisant « Robinson des Mers », un excellent livre écrit par Parlier. Ce n’est pas le sujet de cet article, mais je voulais juste partager mes réflexions autour de l’expression utilisée par Eric Tabarly, car elle résonne profondément en moi depuis cette lecture.
J’ai une autre anecdote similaire : un jour, lors d’un tournage, en discutant de tout et de rien avec Alex Strohl, il m’a confié qu’il préfère voir un projet abouti à 80% qui se concrétise, plutôt que de viser la perfection et risquer de ne jamais le terminer ou d’y consacrer plus de temps que nécessaire.

Le mieux est l'ennemi du bien

Si j’y repense aujourd’hui, c’est parce qu’en discutant ce matin avec Jeremy, nous avons à nouveau envisagé de scanner nous-mêmes nos films argentiques pour améliorer la qualité. Rapidement, nous avons réalisé que cela exigerait un investissement conséquent en temps et en budget, tout ça pour finalement pas grand-chose. La qualité de notre labo habituel est déjà excellente, et nous avons conclu qu’il valait mieux consacrer ce temps économisé sur un autre projet, ou pour soi, tout simplement.
C’est un peu le problème avec la plupart de mes projets et décisions : je remets sans cesse tout en question, cherchant toujours à faire mieux. Cette démarche est, bien sûr, essentielle pour progresser et ne pas stagner, mais elle finit parfois par devenir une charge mentale, avec trop de temps gaspillé inutilement. Et quand je dis « tout remettre en question », c’est aussi bien me questionner sur ma caméra ou mon soft de post-traitement comme le choix d’un meilleur navigateur internet ou trouver le meilleur choix de t-shirt en laine mérinos. Marion se fout souvent de moi quand je pars dans des benchmarks pas possibles, mais c’est bel et bien ma réalité et pendant ce temps, ce sont des projets qui ne vont pas au bout.

« Le mieux est l’ennemi du bien »

« Le mieux est l’ennemi du bien », c’est en quelque sorte une belle expression pour parler du principe de Pareto, non ?
Si vous ne connaissez pas ce principe, ça suggère que, généralement, 20% d’efforts suffisent à accomplir 80% d’un projet. Mais pour atteindre la perfection, les 20% restants nécessitent 80% d’efforts supplémentaires.
Bien que cela ne soit pas toujours exact, c’est une bonne morale : il vaut mieux se concentrer sur les 20% d’actions qui produisent 80% des résultats, plutôt que de gaspiller des ressources sur le reste.
Cette idée des 80% me rappelle une autre anecdote tirée du livre « Let My People Go Surfing » d’Yvon Chouinard. Il explique qu’il s’est toujours vu comme quelqu’un qui atteint 80% de maîtrise. Il se lance avec passion dans un sport ou une activité jusqu’à atteindre ce niveau de compétence, mais aller au-delà nécessite une obsession qui ne l’intéresse pas. Une fois arrivé à 80%, il préfère explorer quelque chose de totalement différent.

Je crois que c’est ce qu’il faut que je garde à l’esprit, ce fameux 80% pour éviter de me disperser et permettre à mes nombreux projets en gestation de se concrétiser.
En restant plus ou moins sur le même sujet, allez donc lire notre dernière newsletter, ça devrait vous plaire.

✌️

(Photo de cover signée Yves Quéré)

Envie d’échanger sur le sujet ? Rejoins-moi sur Instagram & Bluesky.

Abonnez-vous à ma newsletter « Slow is beautiful »


Une lettre mensuelle à lire avec une tasse de café où l'on parle de prendre son temps, créativité, vélo et tous les sujets qui nous passionnent. En savoir plus →